
Aimeriez-vous avoir un téléphone deux fois plus large que celui que vous possédez en ce moment, qui vous permettrait de lire des livres électroniques sans constamment tourner la page ? Vous pourriez aussi mieux apprécier les films et vidéos que vous y regardez et éditer des documents avec plus de facilité que sur le petit écran de votre téléphone actuel. C’est ce qu’offrent les téléphones pliables, comme le Galaxy Z Fold6 (Samsung), l’Open (OnePlus) et le Pixel 9 Pro Fold (Google), lancé la semaine dernière au Canada.
Retour sur mon expérience avec le Pixel 9 Pro Fold — qui s’ouvre comme un livre —, en quatre points.
De grands avantages, dont on ne profite pas tout le temps

L’intérêt d’un téléphone pliable est évident. Ce type d’appareil ressemble à un téléphone comme tous les autres (quoiqu’un peu plus épais). Mais en plus de son écran extérieur, il est doté d’un écran deux fois plus grand à l’intérieur, qui apparaît une fois l’appareil déplié. Cette surface permet d’utiliser le téléphone comme une tablette. On peut ainsi lire des sites Web et des documents avec une meilleure vue d’ensemble, on est plus productif si on ouvre un fichier Excel, et les films et les jeux sont plus immersifs, qu’ils aient été optimisés ou non pour ce très grand écran.
Certains logiciels sont optimisés pour le format du téléphone, comme Google Documents, qui propose plus d’options dans ses menus — pour changer la taille du texte en un seul clic, par exemple —, en plus d’afficher le texte d’une manière plus espacée et plus agréable à lire. Ces applications sont toutefois encore assez rares.
Pour quelqu’un qui doit emprunter un long trajet d’autobus ou un train tous les jours, ou qui doit fréquemment éditer des documents sur son téléphone, des avantages comme ceux-ci sont majeurs.

En pratique, la grande majorité de nos interactions avec notre téléphone intelligent sont toutefois brèves : regarder l’heure, lire une notification, prendre une photo. Lorsque c’est le cas, le téléphone reste généralement plié et on consulte plutôt son écran extérieur, d’une taille habituelle.
Notons qu’en plus des téléphones dont le pli est vertical, comme le Pixel 9 Pro Fold, il existe aussi des appareils pouvant être pliés dans l’autre sens, tel un téléphone à rabat. C’est le cas des gammes Galaxy Z Flip de Samsung et Razr de Motorola. Même si la technologie — des écrans DELO pliables — est la même, leur design vise plutôt à réduire le format de l’appareil lorsqu’on le range, et non à offrir un second écran plus large.
Des inconvénients surmontables, mais bien réels
Un téléphone pliable comme le 9 Pro Fold présente tout de même quelques inconvénients. Même s’ils se sont amincis au cours des dernières années, ces appareils demeurent épais : 10,5 mm lorsqu’il est plié dans le cas du modèle de Google, soit 2 mm de plus que le Pixel 9 Pro ordinaire (une différence qui passe à 2,8 mm si on prend en considération l’étui de protection).
Cette différence de 2 à 3 mm est négligeable si vous transportez votre appareil généralement dans un sac ou une poche de veston. En culottes courtes sur un vélo ou avec des jeans plus serrés, je l’ai toutefois trouvé un peu encombrant. Pour cette raison, quand j’avais le choix entre deux téléphones à emporter, je n’optais pas systématiquement pour le Pixel 9 Pro Fold, ce qui est tout de même révélateur.

Autre désavantage à noter, les appareils pliables sont toujours dotés d’appareils photos d’une qualité légèrement inférieure à ceux des modèles non pliables équivalents, faute d’espace dans le boîtier. Les appareils photos du Pixel 9 Pro Fold permettent néanmoins de prendre d’excellents clichés, et représenteront très probablement une grande amélioration par rapport à votre téléphone précédent.
Parmi les autres points négatifs à considérer, même si le pli au milieu de l’écran central est moins apparent qu’avec les appareils de première génération, il est toujours bien présent lorsque le téléphone est déplié et qu’on le regarde de biais. Ce n’est pas vraiment agaçant ; dans la vie de tous les jours, le grand écran nous impressionne plus que son pli nous importune. Mais la technologie a encore du chemin à parcourir sur ce plan.
Plus solide qu’en 2019

Les téléphones pliables de 2024 donnent aussi une bien meilleure impression de qualité que ceux des premières générations, et ce, chez tous les fabricants. La penture du Pixel 9 Pro Fold est solide et permet de bien refermer l’appareil sur lui-même. De plus, l’écran semble bien collé sur le boîtier, ce qui n’était pas toujours le cas avec les premiers modèles sur le marché.
Seule petite inquiétude, le Pixel 9 Pro Fold est offert avec une certaine résistance à l’eau (à la sortie de l’usine, il peut être submergé à un mètre de profondeur pendant 30 minutes, une résistance qui peut cependant diminuer avec le temps), mais pas à la poussière, contrairement aux autres modèles Pixel 9. Il vaut donc mieux y faire attention si vous allez sur une plage de sable fin.
Mais dans l’ensemble, les écrans pliables ont suffisamment gagné en maturité pour que le grand public puisse les acheter sans trop de craintes.
Cela dit, si vous échappez votre téléphone plus souvent que la moyenne des ours, attendez-vous à une mauvaise surprise si vous devez changer son écran. On ne connaît pas encore le prix d’un écran central de rechange pour le Pixel 9 Pro Fold, mais celui de son prédécesseur coûtait environ 1 200 $.
Toujours un appareil niché

Si l’idée d’un grand téléphone vous allume, aucun des inconvénients du Pixel 9 Pro Fold n’est assez important pour en décourager l’achat. C’est déjà une victoire en soi pour les fabricants, puisque ça n’a pas toujours été le cas avec les autres téléphones pliables.
Pour la grande majorité des gens, les avantages du grand écran ne seront toutefois pas suffisants pour justifier ses inconvénients et le prix de 2 399 $, soit 1 050 $ de plus que le Pixel 9 Pro équivalent (la différence est d’ailleurs à peu près la même avec les Open de OnePlus et Galazy Z Fold6 de Samsung).
La technologie des écrans pliables est prête pour le grand public. Mais il faudra encore plusieurs avancées importantes — comme une réduction de l’épaisseur et du prix — pour que le grand public soit prêt pour elle. D’ici là, il s’agit d’un genre d’appareil qui séduira une clientèle plutôt marginale.