
Le MacBook Pro de nouvelle génération n’a pas l’air d’avoir fait l’objet d’une grande mise à jour à première vue. Sa nouvelle finition noir mat attire l’œil, et son écran Liquid Retina est plus lumineux qu’auparavant, mais pour le reste, un MacBook Pro de 14 po de 2023 serait difficile à différencier d’un modèle équivalent de 2022. À l’intérieur, c’est toutefois une tout autre histoire.
Il contient plusieurs technologies de pointe, qui laisseront leur trace dans le monde de l’informatique, de la réalité virtuelle et des jeux vidéos. Peu importe que vous soyez un utilisateur Mac ou Windows, plusieurs de ces nouveautés valent donc la peine qu’on s’y intéresse.
Gravure en trois nanomètres (3 nm)
Les nouveaux MacBook Pro sont en effet dotés d’une puce M3, la troisième génération de puces pour ordinateurs mises au point par Apple après les M1 et M2. L’entreprise qui produit les puces conçues par Apple a affiné le procédé de fabrication pour réussir à graver encore plus de transistors sur la puce et ainsi la rendre plus puissante, tout en réduisant sa consommation énergétique.
Pour la première fois, la gravure sur cette pièce centrale d’un ordinateur est en trois nanomètres (3 nm), alors que les dernières étaient en 5 nm. Pour mieux saisir la finesse de ce nouveau procédé, Apple estime que deux millions de transistors pourraient être gravés en 3 nm sur la coupe transversale d’un cheveu.
Les puces M3, M3 Pro et M3 Max (celle qui équipe l’appareil mis à l’essai ici) sont, avec les puces A17 des nouveaux iPhone 15 Pro, les premières avec gravure en 3 nm produites en masse à arriver sur le marché. Et elles seront probablement les seules pendant un certain temps. Selon plusieurs médias spécialisés, la marque à la pomme aurait réservé toute la première année de production en 3 nm de TSMC, le géant taïwanais qui domine le marché mondial des microprocesseurs.
Le fabricant Qualcomm, qui produit les puces pour la majorité des téléphones Android et qui lancera en 2024 un processeur pour les ordinateurs Windows, utilisera plutôt une gravure en 4 nm pour la prochaine année. Intel emploie quant à lui une nomenclature différente, mais ses puces équivalentes, les Intel 3, devraient être lancées en 2024, pour les centres de données dans un premier temps, et non pour les ordinateurs.
La finesse de la gravure n’est pas tout. Mais en pratique, la M3 Max est la puce mobile la plus puissante sur le marché en ce moment en ce qui concerne les performances du processeur central (plusieurs tests de performance le confirment, notamment avec le logiciel Geekbench 6, qui évalue la puissance d’un processeur). Le passage à une gravure en 3 nm augmente la puissance d’un cœur du processeur central d’environ 10 % à 20 % par rapport à la dernière génération. Le présumé monopole d’Apple sur ce nouveau procédé de fabrication signifie que son avance sera difficile à rattraper dans la prochaine année.
Mise en cache dynamique
L’innovation la plus originale des MacBook Pro 2023, et celle qui a le plus grand effet sur leurs performances, concerne une nouvelle technologie, la « mise en cache dynamique » (dynamic caching, en anglais). Elle aurait un effet marqué sur les performances graphiques (jusqu’à environ 80 % selon Apple, ce que je n’ai toutefois pas été en mesure de vérifier moi-même, n’ayant pas d’ordinateur avec la puce M2 Max sous la main).
En résumé, cette technologie permet de mieux allouer la mémoire vive lors des tâches qui font appel aux cœurs graphiques, comme les jeux vidéos, la création de maquettes 3D ou le rendu d’effets spéciaux. Un peu comme un marathonien qui ramasse de petits gobelets d’eau tout au long de sa course à mesure qu’il en a besoin, plutôt que de courir avec une grosse bouteille remplie dès le début.
Ici aussi, il s’agit d’une technologie qui permet à Apple d’augmenter les performances de son ordinateur sans faire croître sa consommation énergétique. Aucun fabricant de cartes graphiques n’a annoncé de fonctionnalité semblable pour l’instant, mais ce n’est probablement qu’une question de temps avant que les PC puissent aussi en profiter.
Dans mes tests, le MacBook Pro avec M3 Max offre d’ailleurs d’excellentes performances, supérieures à celles de l’ordinateur de bureau Mac Studio et souvent presque comparables à celles de mon puissant ordinateur de bureau pour jeux vidéos assemblé il y a deux ans (mais dans un ordinateur portatif).
Nuanceur de maillage et lancer de rayons
La compatibilité avec les jeux vidéos est toujours l’un des principaux talons d’Achille des ordinateurs Mac. Leurs cœurs graphiques qui permettent d’améliorer la qualité des jeux sont moins puissants que les meilleures cartes graphiques sur PC, et beaucoup moins de titres sont compatibles avec macOS qu’avec Windows.
Apple ne prend plus les jeux à la légère, et c’est particulièrement apparent avec les derniers MacBook Pro, dont deux des principales nouveautés concernent ces logiciels.
Le nuanceur de maillage (mesh shader, en anglais) est une technologie déjà offerte sur PC, qui permet aux développeurs de créer des environnements 3D avec beaucoup plus de détails (en augmentant la quantité de polygones qui composent les personnages et les objets). Cette technologie est encore peu utilisée pour le moment.
Le lancer de rayons (ray tracing, en anglais), plus répandu, est quant à lui un algorithme qui permet de mieux calculer la réflexion de la lumière dans les scènes 3D. Cette technologie désormais intégrée aux puces M3 améliore grandement le réalisme de ces scènes. Malheureusement, pour l’instant, à peu près aucun jeu Mac n’a été mis à jour afin d’en profiter.

L’ajout de ces deux technologies ne transforme pas le MacBook Pro en ordinateur pour joueurs (car même s’il y en a davantage, une fraction seulement des jeux Windows sortent aussi sur Mac). Il démontre néanmoins qu’Apple prend le jeu de plus en plus au sérieux. Et ça s’explique facilement. Dans mes tests, pousser le MacBook Pro avec M3 Max à ses limites est difficile. Il faut se servir d’applications lourdes pour justifier l’achat de cet ordinateur, mais il faut également que son utilisation soit intensive (un architecte qui aurait besoin de consulter les plans 3D d’un aréna plutôt que ceux d’une maison, par exemple).
Le jeu vidéo, lui, est différent, puisque tous les joueurs peuvent profiter de la puissance et des fonctionnalités supplémentaires (et beaucoup sont prêts à payer pour cette puissance).
Ce n’est pas tout. Le casque de réalité virtuelle Apple Vision Pro, attendu l’an prochain, pourra aussi bénéficier de toutes les fonctionnalités pour les jeux vidéos ajoutées ces dernières années par Apple, tout comme les iPhone (plusieurs jeux complexes ont d’ailleurs été annoncés pour l’iPhone 15 Pro Max, comme le nouveau Assassin’s Creed Mirage d’Ubisoft).
En agrandissant le bassin de joueurs potentiels, Apple est en train de faire des Mac une plateforme de plus en plus intéressante pour les développeurs de jeux, et corrige ainsi l’une de ses plus vieilles lacunes.