Prise en main : la « Apple touch » à la française
Au déballage, pas de surprise, on est bien chez Withings. Le packaging est sobre, épuré, à mi-chemin entre le produit tech et le dispositif médical. À l’intérieur, le BeamO, son câble de recharge USB-C, une petite pochette de transport (ou de rangement) en tissu rouge bien pratique et un adaptateur USB-C vers jack 3,5 mm. On y reviendra.
Le BeamO lui-même respire la qualité. Le design est une franche réussite : un boîtier blanc mat en polycarbonate, très léger avec ses 80 grammes, qui tient parfaitement en main. Sur la tranche, deux électrodes en acier inoxydable et, sur les extrémités, les différents capteurs. L’ensemble est compact, discret, et trouvera sa place dans l’armoire à pharmacie familiale.
L’écran LCD couleur, sans être incroyable, est suffisamment lisible pour afficher les instructions et les résultats, avec une interface qui s’adapte intelligemment à l’orientation de l’appareil.
La mise en route est d’une simplicité enfantine, surtout si vous êtes déjà dans l’écosystème Withings. On lance l’application (toujours aussi claire et complète), on ajoute l’appareil, on le connecte au Wi-Fi, et le tour est joué en moins de 5 minutes. Le BeamO est alors prêt à scruter votre état de santé et celui de toute la famille, puisqu’il peut gérer jusqu’à 8 profils utilisateurs.
Côté autonomie, Withings annonce 8 mois. Autant dire qu’on peut l’oublier et le retrouver opérationnel quand on en a vraiment besoin.
Le check-up santé : 4 outils dans la main
Le véritable tour de force du BeamO, c’est d’intégrer quatre instruments de mesure dans un format aussi réduit. Passons-les en revue.
Le thermomètre sans contact
Fini le thermomètre buccal ou auriculaire (ou encore plus intime, si vous voyez ce que je veux dire). Le BeamO utilise un capteur optique de seconde génération, le « HotSpot Sensor ». Comment ça marche ? On pointe le BeamO vers le milieu du front, et on le fait glisser lentement vers la tempe. L’appareil scanne la zone et retient la température de l’artère temporale, considérée comme le point le plus fiable. C’est hygiénique, rapide et totalement indolore.
Dans la pratique, la mesure est fiable… à condition de bien réaliser le geste. Seul face à son miroir, on peut parfois aller un peu vite et obtenir des résultats fluctuants. Après quelques essais, le mouvement devient naturel, mais il y a une petite courbe d’apprentissage. Sur un enfant ou un proche, ça ne pose aucun problème. Si vous aviez le Withings Thermo proposé précédemment par la marque, vous connaissez déjà le geste.
ECG et Oxymètre
Ici, on est en terrain connu pour les porteurs d’Apple Watch. Le BeamO propose un électrocardiogramme (ECG) à une dérivation et une mesure de la saturation en oxygène dans le sang (SpO2). Pour cela, on tient l’appareil comme une manette de jeu, les deux index posés sur les électrodes.
L’ECG, pour faire simple, enregistre l’activité électrique de votre cœur pendant 30 secondes pour détecter d’éventuels troubles du rythme, comme la fibrillation auriculaire (FA), une des arythmies les plus courantes. Soyons clairs : il ne s’agit pas de déceler un infarctus, qui nécessite un examen bien plus complet chez un cardiologue. Mais pour le suivi du rythme, c’est un bon outil. L’avantage par rapport à une montre, c’est que la prise en main est plus confortable et plus stable.
L’oxymètre (SpO2) mesure le taux d’oxygène transporté par vos globules rouges. C’est un indicateur clé de votre santé respiratoire et cardiovasculaire. Un taux normal se situe au-dessus de 95%. La mesure se fait en 15 secondes via un capteur optique intégré à l’une des électrodes. Petite touche amusante : un capteur de force vous indique à l’écran si vous appuyez trop fort ou pas assez, transformant presque la mesure en mini-jeu (bon ça ne vaut quand même pas un petit Mario Kart World).
Le stéthoscope numérique : la vraie nouveauté… complètement frustrante
C’est LA fonction qui différencie le BeamO de tous les autres appareils grand public. Grâce à un capteur piézoélectrique, il peut enregistrer les sons de votre cœur et de vos poumons. L’application vous guide pour placer le BeamO aux bons endroits (zone mitrale, aortique, poumons gauche, droit…). On peut même écouter en direct les battements de son propre cœur en branchant des écouteurs filaires (d’où l’adaptateur fourni). C’est assez fascinant sur le papier, mais seulement sur le papier.
Mais c’est là que le bât blesse. Qu’est-ce qu’un utilisateur lambda peut bien faire de ces enregistrements audio ? Sans formation médicale, impossible d’interpréter un souffle au cœur ou des crépitements pulmonaires. Withings en est bien conscient, et c’est ici qu’il faut comprendre la vraie vocation du BeamO : être un pont vers la télémédecine. L’idée n’est pas de vous transformer en médecin, mais de vous permettre de fournir des données objectives et de qualité à votre médecin lors d’une téléconsultation. Imaginez : votre enfant tousse, vous pouvez envoyer l’enregistrement de ses poumons au médecin avant même de l’appeler. C’est là que le stéthoscope prend tout son sens.
Sauf que voilà, dans les faits, obtenir un enregistrement de qualité n’est pas si simple, et pour peu que vous y arriviez, est-ce que votre médecin va vraiment vouloir se contenter de ces simples enregistrements pour poser un diagnostic ? Quelque soit le problème qui vous pousse à prendre ce type de mesure, je ne connais personnellement aucun médecin qui se contentera de ce genre de chose. Et pour ceux qui ont déjà testé les télécabines de médecine dans les déserts médicaux (c’est mon cas, régulièrement), on sait à quel point la transmission de données de santé avec des outils numériques est parfois aléatoire, et surtout insuffisante sans contact physique avec un professionnel.
L’application Withings : le cerveau de l’opération
Le matériel est une chose, le logiciel en est une autre. Et sur ce point, Withings maîtrise son sujet. L’application centralise toutes les données de manière claire et visuelle. On peut suivre l’évolution de sa température lors d’un épisode fiévreux, consulter l’historique de ses ECG, etc.
On l’a évoqué plus haut, la fonctionnalité la plus puissante est sans doute le partage. En quelques clics, on peut générer un rapport de santé complet en PDF et l’envoyer à son médecin. Ou même utiliser la fonction « HealthLink » pour lui donner un accès sécurisé et temporaire à vos données. C’est simple, efficace, et est pensé pour faciliter le dialogue avec les professionnels de santé, surtout dans le cadre d’un suivi à distance, mais une fois encore, il faut avoir le médecin en face qui soit d’accord pour jouer le jeu, et ça, c’est loin d’être gagné. L’appareil est évidemment conforme au RGPD, et les données sont hébergées sur des serveurs sécurisés en Europe.
Alors, on achète ?
Alors, faut-il craquer pour ce BeamO à 250 € ? La réponse n’est pas si simple et dépendra totalement de votre profil.
Le Withings BeamO est un objet technologique impressionnant, très bien conçu et remarquablement simple à utiliser. C’est une fenêtre interessante sur le futur de la médecine à domicile. Pour les familles avec de jeunes enfants, pour les personnes qui doivent surveiller une pathologie chronique (cardiaque ou respiratoire), ou pour les adeptes de la télémédecine, l’investissement peut être pertinent, pour peu que votre médecin soit ok avec la démarche. Il apporte une tranquillité d’esprit et des données concrètes qui peuvent s’avérer intéressantes.
En revanche, pour une personne jeune et en parfaite santé qui n’a besoin d’un thermomètre que deux fois par an, le BeamO sera probablement surdimensionné. Son prix élevé le positionne comme un outil de suivi régulier, pas comme un gadget occasionnel. Le stéthoscope, même s’il est innovant, reste, là aussi, une fonction dont l’utilité est conditionnée à une interaction avec un médecin.
Au final, le BeamO n’est pas (encore) le saint graal qui pose un diagnostic complet, mais c’est un bon outil de collecte de données, un « multi-capteur » de santé qui fait le lien entre le patient et le médecin comme jamais auparavant. C’est une réussite technologique, un appareil qui a du sens, à condition d’en avoir l’utilité. Notez que les abonnés Withings+ (10 euros par mois) peuvent envoyer leurs données pour recevoir un bilan cardiovasculaire quatre fois par an, mais là aussi, on vous recommandera plutôt d’aller voir un cardiologue dans son cabinet, si ça vous est possible.
Pour tout vous dire, je suis moi même diabétique, et j’ai acheté cet appareil le jour de sa sortie, parce que suivre ma santé est un sujet qui me tient à coeur (sans jeu de mot). Au final je suis un peu décontenancé par cet appareil qui sait me donner beaucoup de chiffres sur mon état général, mais qui me propose surtout des données que je ne maitrise pas. Pour les comprendre, je dois aller voir mes médecins, qui eux referont de toutes manières les mesures, je suis donc, pour mon cas personnel, assez mitigé sur l’utilité générale du produit.
Véritable couteau suisse de la santé, le Withings BeamO impressionne par son design, sa simplicité et sa capacité à créer un pont efficace vers la télémédecine. Son prix élevé, ses fonctions avancées et parfois complexes à appréhender, le destinent quand même à un public averti ayant un besoin de suivi régulier, et probablement un peu moins à une utilisation familiale occasionnelle.
