Feux de forêt : de nouvelles armes technos


La gestion des incendies de forêt au Québec est déjà une affaire très techno. Sur le territoire sont réparties pas moins de 194 stations météorologiques, qui permettent d’estimer l’humidité du combustible (le nom donné notamment à la forêt et à la biomasse au sol). Des satellites surveillent l’évolution des gros feux. Et des drones facilitent leur suivi la nuit, lorsque les hélicoptères ne peuvent voler.

Les incendies de cet été — qui avaient déjà brûlé plus d’hectares à la fin juillet que pendant n’importe quelle des 60 dernières années, soit depuis que de telles données sont compilées — pourraient servir d’électrochoc pour accélérer la cadence. 

La Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) collabore à différentes avancées technologiques et s’intéresse à des solutions récentes créées ailleurs dans le monde. Si elles s’avèrent efficaces (et si leur prix ne rebute pas les gouvernements), elles permettront d’atteindre des territoires difficiles à rejoindre avec des drones, d’obtenir des images d’une meilleure résolution qu’avec les satellites actuels, de prédire plus facilement les zones à haut risque, de détecter plus rapidement les nouveaux feux et de mieux suivre l’évolution de ceux existants.

« Nous travaillons entre autres avec une grande entreprise aérienne pour la détection des feux à l’aide de radars photoniques [NDLR : qui repèrent la lumière générée par les brasiers]. Avec le gouvernement américain aussi, pour l’installation de détecteurs de fumée comme ceux à la maison, mais beaucoup plus puissants. Et avec une entreprise qui peut suivre des feux pendant plusieurs jours avec des ballons stratosphériques », énumère Olivier Lundqvist, directeur des technologies de l’information et de la performance à la SOPFEU. 

Le lancement par l’Agence spatiale canadienne en 2029 de satellites destinés aux incendies de forêt (la mission GardeFeu) devrait également aider, avec leurs images plus précises qu’à l’heure actuelle et enregistrées en après-midi, quand le vent et la chaleur sont à leur comble (pour savoir à quels brasiers s’attaquer en priorité, par exemple).

La recherche s’était accélérée en Australie, après les feux de brousse de 2019-2020 qui avaient brûlé 24,3 millions d’hectares, soit plus de 10 fois la moyenne annuelle canadienne. « Après “l’été noir”, nous avons utilisé notre expertise en apprentissage machine et en infonuagique pour trouver, avec le gouvernement australien, une solution qui permet de mieux prévoir où seront les zones à risque avant la saison des feux et de mieux les suivre lorsqu’ils surviennent », note Tobias Dyhrberg, directeur général de la filiale canadienne de l’entreprise australienne Kablamo, qui était jusque-là surtout présente dans les industries de la finance et des médias.

Une autre entreprise australienne, Exci, a mis au point une technologie de détection de fumée à partir de vidéos et d’images satellites, qui permet de repérer un incendie à peine une minute après son commencement. « Elle est capable de traiter 2,5 millions d’images et 30 gigaoctets de données satellites par jour. Un humain ne pourrait jamais faire ça », note Réjean Bourgault, directeur canadien d’AWS, le fournisseur infonuagique d’Exci.

Cependant, l’humain est encore au cœur de cette lutte. Toute la détection du monde sera inutile sans pompiers sur le terrain pour combattre les feux, souligne Olivier Lundqvist. « Les technologies sont essentielles, estime-t-il. Mais ce sont des ressources humaines qui manquent le plus en ce moment. »



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