Faut-il supprimer le secrétariat d’État au numérique ?

Derrière ce titre, un brin provocateur, surtout pour ZDNet, il y a une vraie réflexion sur le numérique, alimentée à son insu par Jean-Noël Barrot.

Jean-Noël Barrot n’écoute pas son administration

Dans le contexte actuel, l’histoire passe un peu inaperçue : Jean-Noël Barrot a fait l’objet d’un piratage de son téléphone. En dépit des recommandations de l’ANSSI, il a tenu à garder son téléphone personnel au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Le plus cocasse est qu’il a été ministre du numérique avant d’arriver au Quai d’Orsay.

Mes confrères de Reflets.info ont remis une pièce dans la machine en exposant les traces numériques laissées par Barrot, arrivant à débusquer beaucoup d’informations assez sensibles pour un ministre.

Ce mépris pour le numérique est assez symptomatique de la place qu’on accorde à ce sujet en France. Notons tout de même que des ministres qui ne prennent pas en compte les recommandations de l’administration ne sont pas une nouveauté et ne concerne pas que le numérique.

Dès lors, la question se pose : pourquoi garder un portefeuille au numérique vu que manifestement, tout le monde s’en fiche ?

Un sujet majeur, systématiquement relégué en bout de hiérarchie

Techniquement, le portefeuille dédié au numérique a vu le jour en 2002, en étant associé à celui de la recherche et c’est sous Sarkozy qu’on voit apparaître la dénomination explicite de « numérique » dans un intitulé de ministère. Mais, accolé au terme « économie ».

Au fil des Gouvernements, le portefeuille a grossi et a changé de ministère de tutelle pour se retrouver dans un coin, sous la direction du Premier ministre. Ce n’est jamais devenu un ministère à part entière alors même que cela était le souhait de beaucoup de techs, y compris ceux qui ne sont pas politisés pour trois sous.

On peut opposer que ce ministère est transversal et concerne tous les secteurs, ce qui explique qu’il ne soit pas « autonome ». On peut répondre que ce n’est pas le seul. Après tout, le Quai d’Orsay fonctionne en collaboration avec Bercy. Bercy est en lien avec tous les autres ministères. La politique est transversale par nature.

Mais, le numérique a toujours été traité comme un bouche-trou gouvernemental, dont l’intitulé varie en fonction des marottes du moment et dont on a l’impression qu’il ne sert qu’à distribuer des macarons et des labels pour faire joli. Auquel cas, on peut aussi bien déléguer la chose à Miss France.

Mépris constant du numérique

Même à l’époque où l’informatique était une niche réservée à trois gus dans un garage, il ne comportait pas que trois métiers. Aujourd’hui, l’éventail professionnel s’est considérablement enrichi : de la conception à la livraison, en passant par la sécurité, le numérique contient autant d’aspects qu’il y a de gens.

Pourtant, le politique ne s’est concentré que sur un aspect : l’entreprise. Peu importe que les entreprises en question aient cramé la caisse, que les emplois soient des stages, que le cœur de métier soit bidon, il fallait absolument y poser le label French Tech.

Le plus amusant étant que dans le même temps, l’administration n’a pas suivi les usages. Ou plutôt : les budgets n’ont pas suivi. De ce fait, on se retrouve à effectuer les mêmes démarches ou presque, sur plusieurs comptoirs différents, avec des designs et des interlocuteurs différents, sans que rien ne soit harmonisé.

Quant à la maîtrise côté administration, si dans la fonction publique d’État, cela passe encore, en collectivités territoriales, l’analphabétisme numérique fait encore des ravages, au point de voir passer des pratiques qui vont à l’encontre de la sécurité informatique.

Quel bilan pour le numérique ?

Le portefeuille dédié au numérique a 20 ans, il est temps d’en faire le bilan. Aujourd’hui, ce ministère n’est pas pris au sérieux. On ne peut même pas dire qu’il sert à distribuer des chèques, car, les entreprises de la French Tech ne reçoivent qu’un label qui fait joli. Les financements viennent de Bercy, via des niches fiscales et ne sont pas propres au numérique.

Les associations liées au numérique ne sont pas non plus prises en considération. Les besoins techniques sur le territoire sont gérés de façon acrobatique par différents interlocuteurs. L’alphabétisation numérique des populations a été massacrée par l’Éducation nationale.

Les organismes type ANSSI, CNIL et ARCOM sont sous-dotées, mal calibrées et ne sont pas écoutées. Cerise sur le gâteau : un ancien ministre du numérique fait n’importe quoi techniquement. Le bilan de ce ministère n’est pas bon, car on ne lui a jamais donné les moyens de fonctionner pleinement.

À choisir, sauf à ce qu’il devienne un ministère réellement autonome, autant le supprimer.



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